Mesdames et messieurs les députés,

Madame la Présidente du MédiaClub’Elles, chère Florence SANDIS, 

Madame la Présidente d’honneur, chère Caroline ROUX,

Mesdames, messieurs, chère Marjorie PAILLON,

« Tournez, mesdames », disait Alice Guy dès 1914. Première réalisatrice de l’histoire, et première productrice, Alice Guy préfigurait en quelque sorte l’action de MédiaClub’Elles, qui vise justement à donner toute leur place aux femmes dans l’audiovisuel. 

Un combat qui n’est pas terminé, loin s’en faut, si j’en juge par la polémique récente autour des Césars, dont les nominations sont très masculines cette année.

C’est d’autant plus injuste que d’excellentes œuvres, nous le savons, sont dues à nos réalisatrices. Les organisateurs du prix Alice-Guy – justement – nous le prouvent chaque année depuis six ans. 

Cet exemple nous montre la nécessité de soutenir les initiatives telles que celle du MédiaClub’Elles, tant que les mentalités n’auront pas suffisamment évolué.

Votre action est capitale, en ce qu’elle tend à rendre les femmes plus visibles, plus audibles. Grâce à vous, grâce à votre travail et à votre engagement, on nous voit, on nous entend, on nous écoute plus attentivement.

Par les sujets qu’elles choisissent de mettre en lumière, les réalisatrices, les productrices, les distributrices, les actrices et toutes les journalistes apportent leur contribution au grand combat pour l’égalité. Par la culture, c’est toute la société qui change au contact de vos œuvres.

Dans l’audiovisuel, comme en politique, nous venons de loin. En politique, il a fallu du temps, des lois et beaucoup d’audace. 

Il suffit d’observer notre Assemblée pour constater les progrès accomplis : une présidente, une première questeure, cinq vice-présidentes, quatre présidentes de groupe, l’Assemblée nationale s’est fortement féminisée, y compris dans les postes de responsabilité. 

Mais il reste du chemin à faire. Dans les médias aussi, d’ailleurs : je suis sûre que vous ne me démentirez pas.

Les études le montrent, dans les fictions les personnages féminins sont le plus souvent montrés dans leur environnement familial, tandis que les hommes apparaissent généralement dans leur cadre professionnel.

Selon le rapport Cinégalités, « certaines activités demeurent l’apanage des femmes, celles-ci faisant deux fois plus les courses et lavant cinq fois plus le linge que les hommes »…Eh oui, nous en sommes encore là, en 2023 !

Alors qu’elles constituent 52 % de la population, les femmes n’incarnent que 38 % des personnages principaux au cinéma. Et je ne parle pas des femmes de plus de 50 ans ! Parmi les personnages principaux, seulement 12 % des quinquagénaires sont des femmes. Jeunesse éternelle ou préjugé sexiste ? Je vous laisse en juger…

La situation n’est pas meilleure sur les plateaux de télévision : journalistes ou expertes, les femmes demeurent moins présentes que les hommes, 40 % contre 60 %, et lorsqu’elles ont voix au chapitre, le dernier rapport du CSA nous indique qu’elles prennent moins la parole que les hommes.

Heureusement, une inflexion est en cours en ce qui concerne les invitées politiques, de plus en plus nombreuses, par la force des choses.

C’est une joie et une fierté pour moi de vous accueillir ce soir, dans la galerie des Fêtes de l’hôtel de Lassay, pour cette remise des Trophées MédiaClub’ Elles : un rendez-vous civique qui nous permet de célébrer le talent au féminin.

Ce prix constitue aussi un exemple stimulant d’entraide, de soutien entre femmes. Oui, je le crois, les femmes ont le devoir d’aider les femmes. Présidente de l’Assemblée nationale, je veille à ce que les portes ne se referment pas derrière moi : les pionnières doivent accueillir et encourager celles qui arrivent après nous.

Membres de MédiaClub’Elles, vous aussi, aidez vos jeunes consœurs à ouvrir les portes trop bien verrouillées de la production et des médias. Ensemble, nous pouvons y arriver. Il ne s’agit pas de placer des femmes partout, à tout prix : le véritable enjeu est de changer de monde. Les femmes constituent la moitié de la société, elles doivent être vues, entendues et représentées. 

Je ne peux ni ne veux, en ce début de cérémonie, révéler qui est lauréat, mais au nom de la représentation nationale, je souhaite saluer votre action, à toutes et à tous : bravo !

Je vous remercie et c’est avec plaisir que je cède la parole à votre présidente, Florence SANDIS, en vous souhaitant une excellente soirée.

Aux prix habituels, l’actualité tragique de ces derniers mois nous a incitées à ajouter un Trophée d’hommage aux femmes iraniennes.

Depuis la mort tragique de Mahsa Amini, le 16 septembre dernier, le peuple iranien s’est levé. Nos sœurs iraniennes, en particulier, réclament leur liberté. Le régime de la République islamique a choisi de répondre par la répression et l’Assemblée nationale que j’ai l’honneur de présider a condamné ce choix.

Le 4 octobre dernier, j’ai fait observer une minute de silence dans l’hémicycle à la mémoire des victimes de la répression iranienne. 

Le 28 novembre, à l’unanimité, les députés français ont adopté une résolution soutenant le mouvement pour la liberté en Iran. 

Pour défendre les manifestants emprisonnés, une campagne de parrainage a été lancée auprès des députés : à mon initiative, près de 200 députés ont parrainé un détenu politique, en réclamant sa libération.

Ce soir, cette remise de prix ne serait pas complète sans un hommage au peuple iranien et singulièrement à ces femmes en lutte pour leurs droits, dont le courage force notre admiration.

C’est donc avec fierté que je remets le Trophée d’hommage aux femmes iraniennes à Katayoon SHAHABI, que je vous invite à applaudir.

Madame, votre travail de productrice est connu et reconnu, en France et dans le monde. Pour avoir donné à voir la réalité du régime qui pèse sur l’Iran, vous êtes passée par l’abominable prison d’Évin. Comme vous, nous ne confondons pas la civilisation perse avec l’odieux régime qui cherche à en étouffer le génie. 

Par le cinéma, par l’image et aussi par votre courage, vous avez montré ce que peut être l’Iran de demain, cet Iran libre et démocratique que nous appelons de nos vœux.

Madame, à travers votre parcours, ce sont les femmes iraniennes et leur combat que nous saluons. Et en vous remettant ce prix, je crie avec vous :  Femmes, Vie, Liberté !

Je vous remercie.

Oui, par l’économie sociale et solidaire, l’expérimentation, l’évaluation, nous parviendrons à rénover efficacement notre économie, à relancer l’emploi et à renforcer la cohésion de la société. Un grand politique l’a dit avant moi, c’était Winston Churchill, pour qui « le vrai génie réside dans l’aptitude à évaluer l’incertain, le hasardeux, les informations conflictuelles. »

Pour cela, je compte sur vous et je salue votre travail, qui témoigne de votre engagement. Je vous remercie.