Hôtel de Lassay
^{Seul le prononcé fait foi}

Madame la présidente du jury,
Mesdames, messieurs,

Je me réjouis d’ouvrir cette nouvelle édition de la Matinale de l’économie, une manifestation qui se tient depuis dix ans à l’Assemblée nationale, en partenariat avec l’Association française de science économique.

J’ai souhaité que la galerie des Fêtes accueille de nouveau cet événement parce qu’il s’inscrit parfaitement dans la politique qui est la mienne : celle d’une Assemblée nationale ouverte, qui s’adresse aux jeunes, qui s’adresse aux chercheurs, qui confronte et rapproche les points de vue, bref d’une Assemblée nationale où l’on débat en s’appuyant sur la meilleure expertise.

Aussi, je remercie les économistes qui ont accepté de participer à ce débat et Jean-Marc Vittori qui a bien voulu en être le modérateur.

Je remercie également les députés qui participent aujourd’hui à votre table ronde : Aurélie Trouvé, dont je salue le travail de suivi de l’inflation, accompli pour le compte de la commission des Affaires économiques, et Jean-René Cazeneuve, rapporteur général du budget de la commission des Finances, pourtant si sollicité par ailleurs.

Quand nous avons réfléchi au thème de cette nouvelle édition, celui de la lutte contre l’inflation s’est très vite imposé : alors que le pouvoir d’achat figure toujours en tête des préoccupations des Français, l’inflation atteint des niveaux que nous n’avions pas vus depuis longtemps.

L’Insee nous donne quelques chiffres qui nous permettent de saisir l’ampleur de l’enjeu : 
o    En 2022, les prix ont augmenté de plus de 5 %, bien plus que les 2 % visés par la Banque centrale européenne ;

o    L’inflation est encore plus forte sur certains produits, alimentaires en particulier : + 8 % sur le lait, le fromage et les œufs ; + 17 % sur les huiles.

Pour nous, parlementaires, l’enjeu est alors de répondre à cette situation exceptionnelle afin de protéger les ménages, les entreprises et les collectivités : c’est ce que nous avons fait avec le bouclier tarifaire sur les prix de l’énergie et avec différentes aides sectorielles. 

Cependant, pour imaginer et mettre en œuvre les mesures les plus pertinentes, nous avons besoin de l’expertise scientifique. Vous connaissez la phrase de Keynes : « Tous les hommes politiques appliquent sans le savoir les recommandations d’économistes souvent morts depuis longtemps et dont ils ignorent le nom. » Eh bien, pour une fois, faisons mentir Keynes : cette Matinale permet aux politiques et aux économistes de se rencontrer, d’échanger, en vue d’aboutir à des solutions transpartisanes.

Du point de vue de la théorie économique, la situation actuelle pose en effet de nombreuses questions : 
o    Combien de temps l’épisode d’inflation va-t-il durer ? 

o    D’où vient cette inflation et comment se diffuse-t-elle dans l’économie ? 

o    La nouvelle donne économique doit-elle nous conduire à changer d’outils d’analyse ? 

o    Comment protéger le pouvoir d’achat de nos concitoyens, tout en faisant diminuer l’inflation jusqu’à un niveau plus acceptable ? 

C’est sur toutes ces questions ardues mais passionnantes que je vous invite maintenant à échanger.

« L’inflation est une taxation sans législation », écrivait Milton Friedman, qui faisait aussi cette comparaison parlante : « L’inflation est comme l’alcoolisme. Lorsqu’un homme se livre à une beuverie, le soir même cela lui fait du bien. Ce n’est que le lendemain qu’il se sent mal. » Aidons la France à ne pas avoir la gueule de bois !

L’organisation de la Matinale de l’économie est aussi l’occasion de récompenser les auteurs de travaux économiques remarquables : ce n’est pas à moi de les nommer, mais ils vont bientôt recevoir leur trophée. Avant de commencer le débat à proprement parler, je tiens donc à féliciter, avec vous, les lauréats de cette année.

Je vous remercie.